Lecture-Spectacle du texte Aux Cyprès Heureux de Florence Bovet.
La lecture est suivie d’une rencontre animée par Stéphanie Van Vyve.
« Aux Cyprès Heureux », c’est le nom d’un restaurant à l’enseigne au néon rouge qui n’a pas changé depuis 30 ans et à l’intérieur duquel la linéarité du temps se rompt et les histoires d’hier, d’aujourd’hui et de demain se croisent et se mélangent pour raconter, ensemble, les craintes et les espoirs transgénérationnels du groupe de personnages.
D’un côté, quatre octogénaires revenus dans leur village natal pour la naissance de Luna, la petite fille d’un sixième ami, Monsieur Albert, mort pendant leurs années de jeunesse. Le groupe se retrouve pour cet évènement, après presque vingt ans de séparation, et pourtant la dynamique du groupe semble être toujours la même à une différence près : la solitude de la vieillesse les accablent désormais tous et toutes.
De l’autre côté, Luna, la petite fille d’Albert, seule à une table le jour de son 20ème anniversaire, revenue elle aussi dans son village natal pour les derniers mois de sa grossesse, passe la soirée à parler à son ventre de ses peurs, de ses craintes et de ses espoirs. Seule, elle revit à travers le récit les souvenirs qu’elle a du groupe de meilleurs amis de son grand-père, Monsieur Albert.
Entre les deux « groupes », un serveur, toujours pressé, jeune et vieux en même temps, d’hier, d’aujourd’hui, de demain, qui essaie, tant bien que mal depuis 20 ans, de servir avec élégance ses clients et qui se bat, parait-il depuis 30 ans et peut-être pour toujours, avec Roger, le mystérieux personnage qui est accusé de rallumer à chaque fois la radio Radio 1, toujours la même depuis 30 ans.
Ces personnages s’enferment eux-mêmes dans le huis-clos existentiel des Cyprès Heureux, peut-être parce que c’est le seul restaurant ouvert du petit village, peut-être parce c’est là où les souvenirs sont inscrits ou peut-être parce qu’ils savent, inconsciemment, que c’est le seul lieu où leurs peurs, leurs craintes et leurs espoirs peuvent être déposés à jamais, écoutés, chaque soir, par un public différent. Alors ils reviennent, parait-il éternellement, chaque soir comme si le temps du souvenir et celui de la réalité ne faisait plus qu’un et le spectateur est invité à rentrer, pendant quelques instants qui durent une ou deux vies au moins, au Cyprès Heureux, pour observer la solitude, l’amour, l’espoir, la peur, la joie, les sourires et l’ironie de la vie de ces personnage qui ne pourraient être plus ordinaires que ce qu’ils sont.