Tout a commencé à la Ferme de Blocry
L’Atelier prend d’abord ses quartiers à la ferme de Roobroeck, actuellement désignée sous le nom de Ferme de Blocry. Armand Delcampe raconte :
« Quand je suis arrivé à la Ferme de Blocry, il y avait encore du foin dans la grange, du fumier dans la cour et des porcs dans la porcherie. Il n’y avait pas un seul bâtiment aux alentours. (…) Un chapiteau était monté à côté de la ferme. Il n’y avait que 2 000 à 3 000 personnes dans la ville. »
En cinq mois, l’Université aménage cette ferme pour que puissent s’y dérouler toutes sortes d’activités culturelles. Les modifications apportées au bâtiment furent réduites au minimum afin de respecter l’aspect antérieur de l’habitation. L’Atelier théâtral partage le lieu avec deux écoles de théâtre : le Centre d’études théâtrales (C.E.T.), unité d’enseignement et de recherche universitaires, et l’Institut des Arts de Diffusion (I.A.D.), école de formation de comédiens. Etudiants, professeurs, troupes de passage étaient logés dans sept petites chambres. Celles-ci furent par la suite aménagées pour accueillir les bureaux de l’administration de l’Atelier Théâtre Jean Vilar, en 2001. La salle du Théâtre de Blocry, à l’aspect intime et agréable, pouvait alors accueillir 220 personnes. L’étude et la surveillance de la réalisation de cette salle ont été confiées au Bureau d’Etude de Scénographie d’Arik Joukovsky.
Mais cette petite salle devient vite trop étroite et il s’avère nécessaire de trouver des possibilités d’extension à l’extérieur de la Ferme : un chapiteau de 600 à 1200 places est planté sur le terrain vague voisin et le Centre Sportif loue ses vastes gymnases pour accueillir les étudiants. A noter que, durant l’été 2004, des améliorations ont encore été apportées à la salle du Blocry pour le confort des spectateurs : mise au point du système d’aération et modification des gradins. Ces transformations ramènent à 116 places la capacité de la salle.
La création du Théâtre Jean Vilar
L’Atelier théâtral se sentant un peu à l’étroit dans la salle du Blocry, une plus grande salle était donc nécessaire. Pour acceuillir une plus large audience, mais aussi pour programmer des spectacles requérant un grand plateau, et des équipements techniques et mécaniques plus élaborés.
Cette salle si longtemps attendue voit le jour à Louvain-la-Neuve, dans le centre urbain. Sa construction est confiée à l’architecte belge Jean Potvin. Le scénographe Arik Joukovsky, qui était depuis le début le conseiller en scénographie de l’Atelier théâtral est désigné pour l’aménagement scénographique et technique de cette salle. Et pourtant, au départ, cet espace était destiné à accueillir un restaurant universitaire. Le théâtre Jean Vilar est né d’un accident de parcours à l’emplacement d’un self-service ! Armand Delcampe choisi d’associer le nom de Jean Vilar à cette nouvelle grande salle de l’Atelier théâtral de Louvain-la-Neuve. Il a en effet été fortement influencé par l’expérience du T.N.P. (Théâtre National Populaire) et du festval d’Avignon, et a pour volonté de suivre les pas de Jean Vilar en proposant un théâtre de qualité à offrir au plus grand nombre. Il ouvre ainsi son théâtre à un public « populaire » et non à une poignée d’initiés. Soutenu par l’Université et par Michel Woitrin, fondateur de la ville nouvelle, le Théâtre Jean Vilar (654 places) peut enfin être inauguré en janvier 1979, avec le spectacle
En attendant Godot de Beckett, dans une mise en scène de Otomar Krejca avec Rufus, Michel Bouquet, George Wilson et André Burton. Après 40 ans d’usage intensif, le théâtre Jean Vilar – outil central de création et cœur de l’activité de l’institution – a besoin de rénovation. Un projet de reformulation totale de l’espace est en cours. Les travaux de démolition ont commencé le 21 février 2022. La réouverture est prévue pour 2024.
Rayonnement
Depuis octobre 2001, l’Atelier Théâtre Jean Vilar programme également des spectacles « grandes formes » à l’Aula Magna : entre 15 et 30 représentations chaque saison. Salle de plus de 1000 places offrant un plateau très vaste, ce lieu permet d’accueillir du théâtre mais surtout des concerts classiques, de la danse ou du nouveau cirque. En 2018, à l’occasion du renouvellement du contrat-programme, l’Atelier Théâtre Jean Vilar devient Centre scénique et opérateur majeur en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il confirme qu’il exerce un rôle culturel substantiel en tissant d’étroits liens avec les institutions culturelles du Brabant wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le Vilar peut se targuer d’un réel rayonnement international et de fréquentations records. Théâtre de créations, il a en effet monté depuis 1975, sur fonds propres ou en coproduction, 187 spectacles, de toutes dimensions artistiques, qu’il a montrés partout en Belgique, à travers toute l’Europe ainsi qu’au Canada. Citons par exemple
Le Cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht,
Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello,
Fin de partie de Samuel Beckett,
Le Bourgeois Gentilhomme,
Le Malade imaginaire,
Le Tartuffe ou l’imposteur de Molière,
Maître Puntila et son valet Matti de Bertolt Brecht,
Les Affaires sont les affaires d’Octave Mirbeau, ou
Démocratie de Michael Frayn,
Les Femmes savantes de Molière,
Le Voyage de Monsieur Perrichon de Labiche ou
Tailleur pour dames de Feydeau… Théâtre d’accueil, Le Vilar a invité les plus prestigieuses compagnies, les plus grands comédiens et metteurs en scène. Citons Ariane Mnouchkine et son Théâtre du Soleil, Peter Brook, Otomar Krejca, Benno Besson, Michel Bouquet, Laurent Terzieff, Philippe Avron, Jérôme Savary, Pierre Dux, Tadeusz Kantor, Philippe Caubère, Pierre Santini, etc. Depuis une dizaine d’années, il a accueilli en création le travail de nombreuses compagnies comme l’Infini Théâtre, Les Gens de Bonne Compagnie, Biloxi 48, l’Acteur et l’Ecrit, Point Zéro, la Cie de la Bête noire, le Collectif mensuel,…